Opalka 2010
 

 
 
© Pierre Arnaud / service des public Musée d'art moderne, Saint-Etienne Métropole
 

En 1965, j’ai défini un concept concernant l’image du temps irréversible de la durée d’une existence, durée visualisée par la suite des nombres de 1 à l’infini que je peins depuis.

Dans la progression de mes Détails: 1, 22, 333, 4444 appartiennent au début de la premiere oeuvre. Mais pour atteindre 666666, il m’a fallu sept ans de travail après le 55555. Arrivé à 666666 (six fois le chiffre 6), je me posai la question: "combien de temps, me faut-il, pour atteindre le 7777777 (sept fois le chiffre 7, sept million sept cent septante sept mille sept cent septante sept) "? Je croyais que si tout allait bien, après trente ans environ, je parviendrais à cette étape. J’avais tort.

Envisageant l’hypothèse du temps d’une existence moyenne tout entière occupée à ce type de comptage peint et dès la naissance, personne jamais ne parviendrait au nombre vertigineux: 88888888 (huit fois le chiffre 8) si ce n’est après plusieurs siècles.

L'octogone : projet architectural

j’ai pensé à l'espace d'un octogone comme forme à la fois pertinent et symbolique pour la présentation de mon œuvre dans la durée optimale de l’ espace-temps d’une existence :

7 toiles de dimensions égales de la taille moyenne d’un adulte de 1m77, les bras écartés, chacune de ces toiles installées sur les 7 murs de l’octogone.

Le 8ème côté étant la porte entièrement en verre opaque de couleur blanche la plus neutre possible du sol vers le ciel intégrant la porte. Toutes les structures métalliques doivent être les moins visibles possibles afin de donner l’aspect le plus minimal à cette huitième surface.

La toile la plus foncée possible (la plus ancienne disponible) à gauche en entrant.

La plus claire (la plus récente) à droite de cette même porte.

Ces deux pôles définissent l’image de ce que j’appelle Rencontre par la séparation .


Roman Opalka
   

copyright Roman Opalka 2014